Conduite autonome : quand cette vision d'avenir deviendra-t-elle réalité ?

01/05/2021

Il n'y a pas si longtemps encore, la manière dont les experts de l'automobile et une majorité d'acteurs de l'industrie automobile présentaient l'avenir pas si lointain de la mobilité individuelle relevait quelque-peu de la science-fiction. La voiture particulière de l'avenir devrait rouler de manière autonome, ou du moins automatisée. Des concept-cars passionnants, capables de conduite autonome, ont été dévoilés régulièrement et en grand nombre, et des programmes de test correspondants ont été développés. La cadence a été ralentie ces derniers temps. Cependant, la technologie a beaucoup progressé et la base juridique devient également plus concrète.

Les défis techniques de la conduite autonome sont importants

Si la conduite autonome est déjà possible aujourd'hui en ce qui concerne les fonctions individuelles, telles que la mise en œuvre des commandes de conduite, d'autres domaines posent encore nombre de défis. Les systèmes actuels d'aide à la conduite sont déjà capables de diriger (assistant de maintien de voie avec assistance à la direction), de freiner et d'accélérer à nouveau (contrôle de distance/assistance de conduite en embouteillage). Cependant, la reconnaissance de l'environnement, le traitement des signaux, la conformité au code de la route et la détection des dangers nécessitent encore du temps (de développement).

 

Toute une instrumentation de puissants capteurs est déjà disponible : de plus en plus de caméras, de capteurs radar et lidar fournissent des quantités toujours plus importantes de données d'entrée. Cela nécessite une énorme puissance de calcul. Et enfin, la conduite autonome est largement basée sur l'intelligence artificielle : elle doit constamment prendre des décisions et faire des compromis dans la voiture à conduite autonome. Le grand défi est ici : comment vérifier que le système prend les bonnes décisions.

 

Le professeur Frank Flemisch, de l'Institut Fraunhofer de Bonn pour la communication, le traitement de l'information et l'ergonomie, voit « la phase d'autonomie ultime de toutes les applications encore très loin dans l'avenir ». L'expert prévoit encore au moins deux décennies de recherche intensive. En revanche, les applications locales, basées sur des scénarios de conduite autonome limités, pourraient, selon lui, devenir possibles plus tôt.

La conduite autonome a besoin d'un cadre juridique

La conduite hautement automatisée, dans laquelle le conducteur peut temporairement se détourner de la circulation, est déjà possible aujourd'hui. Les experts considèrent que nous en sommes au niveau 3 des cinq niveaux de conduite automatisée et autonome possibles, le niveau 5 décrivant la véritable conduite autonome. Il faudra probablement attendre plusieurs années avant que les véhicules totalement autonomes ne soient réellement utilisés à grande échelle sur les routes.

 

Jusqu'à présent, l'absence de cadre juridique a également freiné la conduite autonome. Cependant, au cours de l'été, plus de 50 pays se sont mis d'accord sur une réglementation internationale pour la conduite autonome au niveau des Nations unies. Les nouveaux règlements de la Commission économique pour l'Europe des Nations unies (CEE-ONU) créent la base juridique de la conduite autonome de niveau 3. Ces règlements entrent en vigueur en janvier 2021. Cependant, ils doivent encore être transposés dans la juridiction des pays respectifs. Le Japon, par exemple, a annoncé qu'ils s'y appliqueraient immédiatement. La Commission européenne a promis de mettre en œuvre ces dispositions dans les meilleurs délais.

 

Les règlements de la CEE-ONU constituent une première étape et permettent au moins une version « allégée » de la conduite autonome : ils permettent l'utilisation d'assistants au maintien de voie de niveau 3 sous certaines conditions. Ils ne peuvent être activés que sur les routes où les piétons et les cyclistes sont interdits et où les voies opposées sont physiquement séparées. En outre, le système ne peut être utilisé que jusqu'à une vitesse de 60 km/h.

Coup d'œil vers les USA : test de voitures à conduite autonome

Il suffit de regarder aux États-Unis pour suivre l'avancée des technologies de conduite autonome. Waymo, une filiale de la société Alphabet de Google, a récemment publié des chiffres. Dans le cadre d'un programme d'essai à grande échelle, les voitures Waymo à conduite autonome ont parcouru plus de 6,1 millions de miles, soit près de 10 millions de kilomètres, sur les routes sur une période de plus de 21 mois. Bilan : seulement 47 accidents et quasi-accidents. Un signal positif en ce qui concerne les aspects de sécurité de la conduite autonome.

 

Même si l'industrie a été quelque peu freinée récemment et que les grandes annonces ne se sont pas concrétisées : la conduite autonome surmonte progressivement obstacle après obstacle. Peut-être un peu plus lentement qu'on ne le pensait au départ. Mais, semble-t-il, de manière d'autant plus cohérente.